Société : Orange Mali contribue-t-elle à la dépravation des mœurs en sélectionnant un morceau « érotique » comme Wele Tonne ?
La justice malienne a fortement dominé l’actualité des faits de société ces derniers temps. Arrestations, interpellations, pour la plupart ce sont les artistes ou les influenceurs qui sont inquiétés pour atteinte aux bonnes mœurs. La dernière interpellation a été celle de la jeune chanteuse Faïza pour son morceau intitulé « Wadada » : cette chanson, reflétée dans un clip vidéo, contient des textes jugés « érotiques » et « incompatibles » avec les valeurs sociétales maliennes. Pourtant, un autre morceau plus luxurieux encore que « Wadada », titré « Bad Girl » de la même auteure, vient d’être choisi par l’une des plus grandes sociétés de téléphonie mobile au Mali, Orange Mali, comme Wele Tonne. Un service qui consiste à distraire un client à travers des notes musicales, en attendant que son correspondant décroche à son appel.
Si vous appelez un proche via Orange Mali, et que vous entendez des paroles comme « je de te défie de me jouir » ou encore « je te ferai hurler de plaisir » et plein d’autres mots salaces, en attendant que votre correspondant ne décroche, eh bien ! Vous ne rêvez pas, ne soyez pas étonné non plus, c’est le nouveau morceau « Bad Girl » d’une jeune artiste malienne du nom de Faïza en duo avec son acolyte Malakey. Cette chanson fait partie désormais de la liste du service Wele Tonne du géant Orange Mali.
En effet, le plus étonnant dans cette affaire n’est pas de voir des chansons sans pudeur circuler librement dans la société actuelle, car pour qui connaît, ce n’est pas la première du genre, mais de voir un grand opérateur téléphonique comme Orange, contribuer à l’avilissement des valeurs sociétales. Toutefois, par ses campagnes, cette entreprise entend « donner aux couches défavorisées la chance d’avoir accès à une éducation de qualité » à travers la Fondation Orange et d’autres services. Cette « éducation de qualité » passe-t-elle par la perversion avec des chansons sans scrupule ? Le mastodonte de la téléphonie s’est-il laissé emporter par la vague du Buzz dans la sélection des morceaux pour le service Wele Tonne ? Ou tout simplement est-ce l’esprit de faire prospérer le business au détriment de la morale qui prime ?
Si cela se révèle être une erreur, alors elle est titanesque et annihilante, car avec ses millions d’abonnés, Orange Mali participe à la vie quotidienne de plus de la moitié des Maliens.
L’angle mort du collimateur de la justice ?
D’un point de vue juridique, cette action de l’opérateur Orange pousse aussi à plusieurs interrogations. Le procureur de la République auprès du tribunal de la commune 4 de Bamako, Idrissa Hamidou TOURÉ, a-t-il raté ce scoop ?
Cet homme de droit ayant pour rôle « ne pas plaire, mais de déplaire à la limite » selon ses propres mots, connu pour son acharnement contre l’impunité, va-t-il faire fi de cet acte ?
Tout compte fait, « Nul n’est au-dessus de la loi », a-t-on l’habitude de dire. Est-ce le cas pour les poids lourds comme Orange Mali ?
Laissons le temps au temps !
Abdoulaye Konimba KONATÉ
Crédit photo : mandeinfo
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